Louis Renault : pionnier de l'automobile et figure controversée de l’industrie française

Portrait de Louis Renault

Louis Renault, né en 1877 à Paris et mort en 1944, est l’un des grands noms de l’histoire industrielle française. Fondateur de la marque Renault, il a profondément marqué l’évolution de l’automobile, du transport militaire et de l’organisation industrielle au XXe siècle. Mais sa trajectoire est aussi marquée par une fin de vie controversée liée à l’Occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale.

Une passion précoce pour la mécanique

Louis Renault naît le 12 février 1877 dans une famille bourgeoise. Très jeune, il manifeste un goût prononcé pour la mécanique. Dans l’atelier de la propriété familiale de Boulogne-Billancourt, il démonte et remonte des moteurs, construit des machines et expérimente.

En 1898, à 21 ans, il conçoit sa première voiturette dans un petit atelier familial. Ce prototype, la « Renault Type A », est équipé d’une boîte de vitesses à prise directe, invention majeure à l’époque. Il remporte son premier succès commercial dès la fin de l’année.

Renault Type A

Fondation de Renault Frères

Fort de son succès, Louis s’associe à ses frères Marcel et Fernand pour créer la société Renault Frères en 1899. L’entreprise démarre rapidement la production de véhicules, et se distingue par sa capacité d’innovation, sa robustesse mécanique et ses performances sportives.

Marcel meurt en 1903 lors d’une course automobile, ce qui pousse Louis à abandonner les compétitions pour se concentrer sur l’industrialisation. À la mort de Fernand en 1909, Louis prend seul la direction de l’entreprise, qu’il renomme « Société des Automobiles Renault ».

Innovations industrielles

Sous l’impulsion de Louis Renault, l’entreprise devient un véritable laboratoire d’innovations :

- Boîte de vitesses à prise directe
- Amélioration de la suspension et du freinage
- Rationalisation de la production
- Développement de la fonderie intégrée

Il est l’un des premiers en France à appliquer les principes du taylorisme et de la chaîne de montage. Dans les années 1920-30, Renault devient le premier constructeur automobile français, devant Peugeot et Citroën.

L’effort de guerre : 1914-1918

Pendant la Première Guerre mondiale, Louis Renault met ses usines au service de l’armée française. Il produit des munitions, des camions et surtout le char Renault FT17, considéré comme le premier char moderne (tourelle pivotante, moteur à l’arrière).

Ce char sera déterminant dans les batailles de 1918. Pour sa contribution, Louis Renault reçoit la Légion d’honneur et devient un héros industriel national.

L’empire Renault dans l’entre-deux-guerres

Entre 1920 et 1939, Renault se diversifie :

- Automobiles civiles
- Camions et autobus
- Tracteurs agricoles
- Moteurs d’avion
- Matériel ferroviaire

Les usines de Boulogne-Billancourt deviennent un véritable empire industriel, employant plus de 40 000 ouvriers à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Louis Renault règne en maître sur son entreprise, avec un style autoritaire et paternaliste.

Seconde Guerre mondiale : une période sombre

Lorsque la France est occupée par l’Allemagne en 1940, Louis Renault prend une décision controversée : il accepte de maintenir l’activité de ses usines sous contrôle allemand, afin selon lui de « préserver l’outil industriel » et « éviter le pillage ».

Ses usines produisent alors des camions pour la Wehrmacht. Cette décision sera lourdement critiquée après la guerre, même si elle était partagée par de nombreux industriels européens à l’époque.

Arrestation et mort

En septembre 1944, à la Libération, Louis Renault est arrêté pour collaboration économique avec l’ennemi. Il est incarcéré sans jugement à Fresnes. Malade, affaibli, il meurt le 24 octobre 1944 dans des circonstances encore controversées (certains évoquent un mauvais traitement, d’autres une négligence médicale).

Il n’a jamais été jugé. Trois mois après sa mort, l’État français nationalise son entreprise par décret, sans indemnisation à sa famille.

Le cas Renault : une mémoire divisée

Pendant des décennies, Louis Renault est resté une figure controversée. Visionnaire industriel pour les uns, collaborateur pour les autres. Il faudra attendre les années 2000 pour que les débats sur sa responsabilité soient rouverts.

En 2011, ses héritiers lancent une procédure judiciaire pour contester la nationalisation sans indemnité, procédure qui sera déboutée en 2014. L’affaire continue de susciter des débats dans les milieux historiques, juridiques et industriels.

Héritage technique et industriel

Malgré les polémiques, le legs industriel de Louis Renault est immense :

- L’une des premières marques automobiles européennes
- Des innovations techniques majeures
- Une organisation industrielle moderne
- Des modèles emblématiques (Type A, Primaquatre, Celtaquatre…)

Aujourd’hui, Renault est un acteur mondial de l’automobile, présent dans plus de 130 pays, membre de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.

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